CH Esquirol Limoges : Ouverture de l’Unité de Soins Sully Prudhomme : de la dépendance à l’alcool à une meilleure qualité de vie grâce à un projet de soin individualisé.
Débutés en février 2016, les travaux de construction de l’unité de soins en addictologie Sully Prudhomme se sont terminés à la fin de l’été 2017 et le bâtiment est inauguré ce
7 décembre 2017.
« Mus par la volonté de rendre plus lisible et opérationnel le
parcours de soins intra et extra hospitalier en matière d’addictologie nous avions à cœur de mieux adapter la prise en charge en fonction des
besoins du patient et surtout
en raccourcissant la phase de sevrage gage de qualité et d’efficacité pour tout le monde » Explique
le Pr Philippe Nubukpo, Chef du Pôle Universitaire d’Addictologie en Limousin.
« Bien sûr il s’agit à travers l’ouverture de cette unité de prendre en compte la stratégie de la réduction des risques et dommages dans la politique de soins et puis, dans le rôle qui est le mien de mutualiser le plateau technique et les ressources humaines spécialisées » précise Antoine Pacheco, Directeur du CH Esquirol Limoges.
C’est la raison pour laquelle
ce nouveau bâtiment de 3 300 m2 volontairement ouvert sur la ville accueille 2 unités.
La première nommée
Simone De Beauvoir est une unité d’hospitalisation de 20 lits dont l’admission est décidée après une ou plusieurs consultations avec psychiatre de l’unité ou l’avis du médecin traitant ou du psychiatre des urgences. Elle a pour mission de prendre en charge
le sevrage (alcool, médicaments, jeux) associé le plus souvent à une comorbidité psychiatrique.
« Au-delà de la prise en charge immédiate ce qui compte beaucoup dans le rétablissement c’est le suivi avec des consultations médicales, infirmières et/ou psychologues mais aussi avec un groupe de parole animé par l’équipe pour les patients sortis du service ou encore des rencontres avec des groupes d’entraide. Bien sûr le
lien avec les familles est primordial car ici comme ailleurs
l’alliance thérapeutique revêt une importance capitale » rappelle le Pr Nubukpo.
Plus précisément le sevrage, car il s’agit bien de cela ne nous le cachons pas, procède d’une prescription médicamenteuse finement adaptée qui passe par des
entretiens individuels d’aide et à visée motivationnelle, sans oublier, même si cela ne paraît pas évident au départ, les techniques de
relaxation, activités corporelles diverses, photo-langage et arts plastiques.
« C’est pourquoi -et dès le départ- l’architecture du bâtiment s’est voulue la plus ouverte possible avec un
grand gymnase de
120 m2 et une
grande cour intérieure de prés de
1000 m2 pour proposer aux patients un environnement propice à leur rétablissement.
Toutes les chambres sont individuelles avec un espace suffisant pour le bien être des patients (22 m2) et dans certaines des aménagements spécifiques pour les personnes de forte corpulence (30 m2) ou pour les personnes sourdes et malentendantes» met en avant
Antoine Pacheco. Le
cabinet BDM,
basé à Bordeaux l’a parfaitement compris et a conçu le bâtiment comme un petit village avec sa
rue principale intérieure et
un jardin paysager sur lequel s’ouvrent les salles de restauration et d’activités qui représentent la place du village. Le lien entre le jardin et la rue intérieure s’opère lui par des préaux. Bref, il s’agit d’un
lieu agréable et chaleureux.
« Bien évidemment l’aspect environnemental a été privilégié si bien que la démarche de conception, durable, se base sur les principes de
l’architecture bioclimatique qui permettent d’offrir des espaces lumineux et confortables tout en contenant les consommations d’énergie et les coûts de maintenance c'est-à-dire une éco-conception pour limiter les besoins du bâtiment, un recours aux énergies renouvelables quasi-systématique et des matériaux sains et pérennes, en adéquation avec les usages » comme le rappelle Joël Maurice, Architecte.
Sur le plan médical et paramédical, ces 2 unités disposent d’une
équipe pluridisciplinaire complète composée de Médecins psychiatres, addictologues, Médecins généralistes, Psychologues, Cadre de santé, Infirmiers, Aide-soignants, Assistante sociale, Moniteur éducateur, Aide Médico-Psychologiques, Ergothérapeutes, Secrétaires et Agents des Services Hospitaliers.
« Convaincus de la pertinence de la prise en charge la plus large possible, la seconde unité de 20 lits également, propose elle, ce que l’on appelle les Soins de Suites et Réadaptation en addictologie, à laquelle nous avons donné le nom de
Camille Pissarro. Il s’agit ici du transfert d’une unité ouverte en 2011 sur l’établissement » rappelle le Pr Philippe Nubukpo.
Sa mission consiste à élaborer un projet de soins individualisé qui vise à accomplir un changement profond pour
retrouver une meilleure qualité de vie et rompre avec la dépendance.
« Est accueillie toute personne souffrant de troubles addictifs (à une ou plusieurs substances psycho-actives et/ou addictions comportementales) du
territoire Limousin, fidèles à notre vocation interdépartementale. Pour la réussite du programme
(hospitalisation de 30 à 90 jours) à la suite du sevrage, le patient (homme ou femme) doit être volontaire et motivé et sa situation pathologique sous surveillance médicale stabilisée. Car ce que l’on recherche c’est prévenir et réduire les conséquences fonctionnelles, physiques, cognitives, psychologiques ou sociales des troubles addictifs,
accompagner un changement du comportement vers une autonomie et promouvoir une réadaptation psychosociale. Pour nous,
consolider l’abstinence et/ou parvenir à une consommation contrôlée en renforçant l’autonomie constitue vraiment notre objectif, signe d’un véritable rétablissement et d’une vie retrouvée» explique le Pr Nubukpo.
Et
Antoine Pacheco, Directeur, de renchérir « Les exemples des pays Nordiques nous l’ont prouvé : la guérison, le rétablissement, donnez-lui le nom que vous voudrez, ne passe plus nécessairement par les méthodes utilisées jusqu’ici. Ce qui compte aujourd’hui est de retrouver un équilibre de vie, être en mesure d’exercer un emploi, nouer des relations sociales considérées comme normales. Et c’est bien cela notre rôle au final. Permettre aux personnes que nous accueillons de retrouver si pas la belle vie tout du moins une vie sociale. Et cela passe par l’ensemble de notre offre de soins qui vise de plus en plus à agir au plus près du patient, à aller vers. C’est d’ailleurs précisément pour cette raison que j’ai tenu à ce que cette nouvelle unité Sully Prud’homme soit
tournée vers la ville avec un accès direct sur le quartier dans lequel se trouve le CH Esquirol Limoges »
« Aujourd’hui, je suis persuadé que les soins en santé mentale doivent de dérouler
au plus près du patient. Son parcours de soins doit le conduire à un véritable parcours de vie. Alors oui, l’hospitalisation est parfois nécessaire mais la suite est encore plus importante. Nos équipes de proximité sont en mesure d’assurer la prise en charge nécessaire avec le réseau partenarial local. Passer d’un parcours de soins à une
véritable citoyenneté retrouvée devient alors possible. C’est ainsi que nous avançons. Et c’est tant mieux » conclut
Antoine Pacheco, Directeur du CH Esquirol Limoges.